Lutter contre la désertification médicale

Lutter contre la désertification médicale

Plus d’un Français sur dix vit aujourd’hui dans un désert médical. Les déserts médicaux sont des zones sous-dotées en offre médicale, qui peuvent être aussi bien rurales que périurbaines. Bien sûr, l’existence de déserts médicaux pose d’importantes questions d’égalité dans l’accès aux soins et de santé publique. Pour cette raison, le monde médical et les pouvoirs publics réfléchissent depuis plusieurs années à des solutions, et lancent des expérimentations et incitations, pour lutter contre la désertification médicale. Les territoires dépourvus d’une offre de soins suffisante font ainsi l’objet d’une meilleure attention. Des initiatives, dans le Plan Santé par exemple, ou dans le Pacte territoire-santé depuis 2012, ont vu le jour. Outre l’action nationale, des territoires se mobilisent aussi localement pour attirer de nouveaux professionnels de santé. Focus sur les mesures destinées à lutter contre la désertification médicale.

 

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Comment expliquer la désertification médicale ?

Contrairement à certaines idées reçues, la désertification médicale ne provient pas d’une baisse générale du nombre de médecins. En effet, il s’agit plutôt d’un déséquilibre croissant dans l’offre médicale. Déséquilibre à un niveau infra-départemental : certaines zones d’un département peuvent être très bien dotées, et d’autres à l’inverse sous-dotées. Déséquilibre entre spécialités et médecine générale, cette dernière étant moins choisie que les premières par les nouveaux médecins. Déséquilibre entre médecine salariée et médecine générale en libéral, or les médecins libéraux effectuent davantage d’heures de consultation. Bien sûr, de nombreux autres facteurs ont été identifiés par les experts pour expliquer la désertification médicale. Parmi ces facteurs, on note que les médecins néo-installés sont davantage demandeurs d’un meilleur équilibre personnel, avec des horaires permettant de concilier vie professionnelle et vie familiale. Ce changement sociologique a accompagné la féminisation de la profession. On peut également citer d’autres contraintes prises en compte pour s’installer en libéral : la proximité d’un plateau technique de qualité, la possibilité de recourir aux remplacements, l’isolement dans la pratique médicale, les effets du numerus clausus sur les vocations depuis les années 1970…Le diagnostic est partagé unanimement désormais et plusieurs leviers ont été actionnés pour lutter contre cette désertification médicale.

Sensibiliser les futurs médecins

La fin du numerus clausus, si elle est une réponse au vieillissement des médecins, ne peut être l’unique réponse à la désertification médicale. Les futurs médecins sont identifiés comme un maillon essentiel de la lutte contre les déserts médicaux. Pour cette raison, une forte sensibilisation leur est destinée.

C’est vrai en particulier à travers les Contrats d’engagement de service public (CESP). Ces CESP sont un dispositif qui prévoit le versement d’une rémunération mensuelle de 1200 euros aux étudiants qui choisissent l’installation dans une zone frappée de désertification médicale. Outre l’incitation financière, tout un dispositif d’accompagnement à l’orientation et à l’installation est également proposé à ces étudiants, véritable suivi pas-à-pas dans leur nouvelle vie professionnelle. A noter d’ailleurs qu’un référent “installation” a été institué dans chaque ARS pour apporter un maximum d’information et de soutien aux professionnels qui pourraient opter pour un territoire sous-doté en offre médicale.

Encourager la médecine générale

La médecine générale est un enjeu crucial dans la lutte contre la désertification médicale. C’est à cet enjeu que répond l’instauration, depuis plusieurs années, d’un contrat de Praticien Territorial de Médecine Générale (PTMG). Dispositif fortement soutenu par les pouvoirs publics, ce contrat permet à la fois un complément de revenus, une meilleure protection sociale et un accompagnement à l’installation dans les zones mal pourvues en médecins généralistes. Les universités sont également mises à contribution : le nombre de stages en médecine générale a fortement augmenté sur la dernière décennie, et les étudiants en médecine bénéficient parfois d’incitations financières (aide aux transports, au logement, etc) lors de leurs stages en zones à longue distance.

Développer la télémédecine et les soins ambulatoires

La crise de la COVID 19 a considérablement mis sous les feux de l’actualité une pratique qui se développe depuis quelques années : la télémédecine. Les progrès majeurs de la technologie et les changements de pratiques numériques, avec notamment des seniors de plus en plus connectés, ont indéniablement bouleversé la donne. Les consultations à distance, qui pouvaient paraître de la science-fiction il n’y a pas si longtemps, sont désormais une solution appréciée de nombreux patients et praticiens. Si rien ne remplace le contact humain, au coeur de la relation du patient avec son médecin, la télémédecine offre de nombreux avantages pratiques, surtout en zone rurale où les distances peuvent dissuader des patients d’accéder aux soins, au dépistage et à la prévention. Résorber la fracture numérique représente donc aussi un défi de santé publique, pour améliorer au maximum le télésoin.

Parfois, à l’inverse de la télémédecine, ce sont les professionnels de santé qui adaptent leurs habitudes et pratiques. Des spécialistes consultent ainsi de plus en plus souvent dans des déserts  médicaux, en cabinet de ville, de manière ponctuelle. Ils améliorent ainsi l’offre médicale du territoire tout en conservant leurs autres activités et statut.

Améliorer les conditions d’exercice en désert médical

Les conditions d’exercice sont clairement le facteur principal de désertification médicale. Les distances à parcourir, le cadre de vie, l’offre d’établissements scolaires pour les enfants ou de loisirs pour le couple et la famille, les horaires à rallonge et la possibilité ou non de recourir à un remplaçant : tout cela pèse sur la décision de s’installer ou pas dans un désert médical. L’un des axes forts de la lutte contre la désertification médicale est donc d’améliorer les conditions matérielles d’exercice : certaines collectivités fournissent des aides à l’installation et à la gestion du cabinet. Surtout, une réflexion importante a été menée sur les solutions pour libérer du temps médical en déléguant certains actes à d’autres professionnels qualifiés, comme les infirmiers en pratique avancée. Le médecin peut ainsi davantage se consacrer à sa pratique médicale : cela représente un gain qualitatif mais aussi quantitatif, en heures de consultation dont peuvent disposer les patients.

Il existe également des solutions très efficaces d’accompagnement à l’installation, et à l’aménagement du cabinet médical qui offrent des formules clefs-en-main aux médecins désireux d’être conseillés et orientés dans leur activité. Des solutions de géo-marketing et d’études de marché permettent de définir quelle zone est à privilégier pour toucher la patientèle la plus large. De même, les démarches de recherche de locaux, de baux professionnels et de mise aux normes sont parfois fastidieuses et peuvent être confiées à des professionnels expérimentés. Enfin, s’installer en zone de désert médical peut être moins éprouvant dans un cabinet à l’aménagement optimal et confortable, qui offre à la fois la meilleure expérience patient et la plus grande satisfaction au ou aux professionnels qui y exercent.

Zoom : Les maisons de santé pluriprofessionnelles

 

Les maisons de santé pluriprofessionnelles sont-elles le remède à la désertification médicale ? En tout état de cause, ces formules originales d’exercice sont plébiscitées par les pouvoirs publics et par un nombre croissant de professionnels.

Les maisons de santé pluriprofessionnelles, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit de structures rassemblant des professionnels de santé autour d’un projet médical élaboré en commun et contractualisé avec l’ARS. Ce projet est véritablement au coeur de la démarche de la MSP, et offre au patient un parcours de soins cohérent, plus pratique et mieux coordonné entre les professionnels qu’il est amené à rencontrer.

Les MSP, une structure libérale ou salariée ?

Les MSP se différencient clairement des centres de soins (mis en place par des collectivités territoriales par exemple) en ce qu’elles maintiennent l’exercice libéral de chaque professionnel de santé qui y participe. Elles sont semblables, sur ce point, aux cabinets en collectif, néanmoins dans les MSP les professionnels sont liés par davantage que l’exploitation des locaux, ils partagent un projet médical rédigé en commun.

Les avantages de la MSP pour les professionnels de santé

La MSP présente de nombreux avantages pour les praticiens qui y participent, notamment :

–       un exercice en collectif qui évite l’isolement, facilite les remplacements…

–       une réflexion de fond sur sa pratique médicale et son projet personnel

–       des incitations financières de l’Etat et des collectivités publiques

–       une mutualisation des charges (secrétariat, gestion, investissements…)

–       des allégements administratifs, grâce par exemple à la Société interprofessionnelle de soins ambulatoires ou SISA

Pourquoi la MSP permet de lutter contre la désertification médicale

Les maisons de santé pluriprofessionnelles sont une solution dont l’efficacité a été saluée à de nombreuses reprises, en particulier dans un rapport de l’IGAS. C’est une structure collective, rassurante pour un jeune médecin qui peut redouter l’isolement des déserts médicaux. La MSP contribue à desserrer des contraintes lourdes, comme le manque de remplaçants, ou encore les nombreux actes de gestion d’un cabinet, qui peuvent être mutualisés.

Pour les patients, il va sans dire que la possibilité de bénéficier d’un parcours de soins coordonnés, avec des professionnels qui se connaissent et exercent au même endroit, est précieuse. Cela permet aussi de mieux choisir le professionnel auquel s’adresser. Enfin, la MSP répond à une réelle quête de sens que de nombreux néo-installés recherchent dans leur pratique médicale. Elle améliore la relation au patient, par exemple dans une meilleure activité de prévention, coordonnée au sein de la MSP.

 

 

 

2021-08-08T19:05:02+00:00 mercredi, août 4, 2021|Actualités|

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